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BRA 2017
Article mis en ligne le 23 juillet 2017
dernière modification le 28 juillet 2017

par ROBIN Denis

Le BRA 2017

Samedi dernier, et d’après certaines rumeurs circulant sur la toile, une bande d’assoiffés dépravés festoyaient autour d’une table, pendant que d’autres, plus sérieux et appliqués, étaient en route vers Les Alpes, prêts à franchir dès le lendemain de rudes obstacles …
Le BRA, Brevet Randonneur Alpin, puisque c’est de lui dont il s’agit, est une organisation ancestrale qui a vu le jour en 1936. Elle est aussi cette aventure aux accents romantiques, qui depuis plusieurs générations a fait rêver des pelotons entiers de cyclos, tous passionnés et fondus de la petite reine. Son parcours de légende visite les mythiques cols de La Croix de Fer et du Galibier, des routes où tout cycliste acquiert là ses galons de montagnard … et de dur au mal !
Dimanche, tout commença pour eux à 3H45 du matin, quand ils s’élancent de Vizille dans la nuit. Les huit beauzacois remonteront d’abord la vallée de la Romanche, inquiétante et fantasmagorique encore plongée dans le noir, hantée par la masse sombre de ses usines d’aluminium. Ils poursuivront ensuite leur route jusqu’à Allemont, petite bourgade de l’Oisans nichée au pied du premier col. Une lente remontée qui les élève à sept cents mètres d’altitude quand ils arrivent au pied du mur, là où va vraiment débuter la première ascension. Une ascension sévère, plus de vingt bornes, et sur des pentes souvent, à pas moins de dix pourcents. Les loupiotes qu’ils avaient fixées sur le guidon de leur vélo, ne leur furent plus d’aucune utilité à l’approche du sommet de La Croix de Fer ; arrivés au moment où une lumière naissante, allait leur offrir le spectacle grandiose du jour qui se lève sur la montagne.
Moment aussi, où trois crevaisons avaient déjà frappé deux membres du groupe : Patrick le premier, ensuite Christian, lui à deux reprises ; trois arrêts intempestifs venus quelque peu contrarier la progression de la troupe. A chaque fois, des pailles de fer ont été retrouvées plantées dans la gomme tendre du pneumatique. Des pièces à conviction, et autant d’indices laissant penser qu’il s’agissait là, d’actes de malveillance. Incidents, à créditer peut-être aussi tout simplement, sur le seul compte de la malchance, problèmes malheureusement inhérents à la pratique du vélo, depuis que l’usage du pneu plein a été banni !
Après une plongée jusqu’à Saint-Jean de Maurienne, où avant, il leur avait fallu encore franchir un col, celui du Mollard et ses quelques 400 mètres de dénivelé, un nouvel incident était encore à déplorer. Et cette fois, avec votre serviteur qui « pète un câble ». Juste de dérailleur, je précise. Mais qui a pour effet quand même, de lui faire perdre un peu de son calme. Un président sur le moment, furieux de sa bêtise, qu’il ne peut imputer qu’à sa seule négligence. Une telle avarie, sur un terrain de cette exigence, a souvent des conséquences graves. Elle peut tout simplement laisser en rade sur le bord de la route, le possesseur du matériel défaillant. Un président donc, bien imprévoyant vous voyez, mais heureusement repêché sur le fil, grâce à l’ingéniosité de Patrick. Patrick, un spécialiste de la maintenance industriel, mais sur ce coup, plutôt un sauveur, en tout cas un bricoleur de génie, qui réussit à dépanner l’homme resté en panne sur la route. Qui bloque le dérailleur du vélo sur un pignon rendant possible l’escalade du Télégraphe, sans s’arracher le ventre ! Un vélo désormais monté à l’ancienne, équipé de deux vitesses, avec le petit ou le grand plateau comme seules alternatives, mais une machine qui permet à son possesseur, d’atteindre Valloire sans encombre.
Valloire : une station de ski, où l’on sait aussi réparer des vélos ! Un sauvetage rendu possible en ce jour dominical, quand en général tous les marchands de cycles sont fermés, grâce à un poste de dépannage opportunément mis en place par l’organisateur. Un stand, tenu en plus par un vélociste dynamique, et de surcroit sympathique, qui avec célérité saura rendre à la machine défaillante toutes ses fonctions originelles.
Le Galibier maintenant est là planté devant nous, le mythique Galibier et son passage à plus de 2600 mètre d’altitude. Un col à la beauté renversante, mais une route aussi, dès la sortie de Valloire, qu’il va falloir grimper. Un défi de taille, mais un challenge que chaque beauzacois a su courageusement relever, chacun à son allure, à sa manière.
Louis a adopté au cours de l’escalade, un bon rythme de croisière, requinqué par une soupe, après une « petit coup de moins bien » dans le Télégraphe.
Christian, toujours animé d’un esprit volontaire, est monté sans faiblir.
Fred lui, a vu « l’homme au marteau », dangereusement se rapprocher, et même roder autour de lui d’un air menaçant ! Un Fred, victime alors d’une petite défaillance comme il peut s’en produire sur ce type de terrain exigent. Mais un Fred qui passe quand même. Au courage.
A la bascule du col, les 4500 mètres de dénivelé ont été atteints.
Le barrage du Chambon ne sera en vue qu’après une belle dégringolade sur des pentes abruptes, et un plongeon du côté de l’Oisans. C’est aussi à cet endroit que les des deux circuits se séparent, ceux du BRA et du Super BRA, et que les routes divergent. Louis, Christian et Fred, inscrits sur BRA, prendront celle qui mène directement à Grenoble. Pour eux, diplôme presqu’en poche, le retour par la vallée de la Romanche ne sera qu’une simple formalité. Ils peuvent être satisfaits de leur performance et de leur parcours, fiers de toutes ces escalades réalisées au cours d’une même journée.
Les cinq autres qui restent, eux ont choisi de rentrer par un chemin détourné : celui qui grimpe jusqu’au difficile col de Sarenne. Un passage obligé, pour goutter au plaisir sans nom d’avoir ce soir en poche, le diplôme du « Super BRA » : 250 kilomètre pour un dénivelé de 5600 mètre annoncés. Mais pour toucher le Graal, il leur faudra encore escalader la montagne, et passer par cette mince échancrure taillée dans la roche à plus de 2000 mètres, juste à l’endroit où bascule la route vers la station de l’Alpes d’Huez. Une gageure. Un obstacle qu’ils décident d’affronter collectivement, unis dans l’effort, liés comme les cinq doigts de la main. Un grand moment de vélo, vécu là tous ensemble …
Franck, courageux et volontaire, mais surtout venu ici, presque en simple cycliste débutant, a acquis là un titre définitif de guerrier.
Patrick, lui, n’a pas failli à sa réputation, et il n’a fait que confirmer toute l’étendue de ses immenses qualités physiques et mentales que nous avions déjà entrevues en lui.
Laurent, pourtant cycliste aguerri, n’avait encore jamais goûté aux joies d’une balade sur des routes haut perchées. Ce raid de haute montagne, était pour lui une première. Un passage réussi.
Mathieu, en guerrier robuste qu’il est, bien sûr est passé. Un diplôme pour lui, obtenu peut-être dans la douleur, mais où il a su faire fi de la souffrance. Une souffrance, qui souvent doit se plier face à ses exigences, ou sinon qu’il broie, d’une poigne féroce !
Voilà en résumé, ce qu’a été pour nous le BRA : une aventure qui dans la tête de chacun, devrait laisser une trace. A signaler aussi, une organisation du CT Grenoblois des plus parfaite. Bref, une journée pour nous magnifique, et un moment assez rare. Une belle aventure collective qui me semble-t-il, devrait rester dans les mémoires …

Confolent, 24 juillet 2017